Mardi 14 juillet – fête nationale
et journée émotions
L’objectif du jour est le Bric
Bouchet (2997m) mais l’altitude finale n’est pas représentative de la
difficulté de ce sommet. « Bric » signifie « rocher » ce
qui laisse présager d’un final…aérien !
Après un petit déjeuner pris à 5h30, les véhicules filent vers le
nord-est du Queyras en passant par Aiguilles puis Abriès. A l’altitude où nous
laissons les bus, il y a encore des arbres, des mélèzes et même quelques
feuillus. Il fait encore très frais quand nous entamons la marche d’approche.
Mais nous quittons vite les polaires tant le rythme est soutenu. Il faut dire
aussi que la température est exceptionnellement douce quand on arrive dans un
vallon très sauvage et ensoleillé. Des lacets très larges dans des pentes
herbeuses nous amènent rapidement en vue du Bric Bouchet, sorte de canine
rocailleuse émergeante d’une ligne de crête en arc de cercle. Les fleurs de
trèfles brûlées par le soleil diffusent une odeur particulière. Chacun y va de
sa comparaison : odeur de beignet, de friture, je sais pas mais j’aime
pas…
Nous arrivons à une
bifurcation : à main gauche, le sentier monte doucement vers le col de
Valpreyvère, à main droite, la pente s’accentue et le sentier rejoint le pied
d’une sorte de tour, la dernière difficulté mais non des moindres !
Jean-Philippe, laisse son VTT
dans un coin et donne ses instructions pour remonter un goulet à l’intérieur
duquel des rochers s’entassent pêle-mêle sur un sol de pierres effritées. Tout
le monde met son casque et son baudrier. « On va redescendre par là ?
vraiment un truc de ouf, Christophe, c’est ici qu’il faut pas tomber ?
c’est beau mais c’est chaud ! Oh un bouquetin ! » En fait, il y
en trois des bouquetins. Certains se prélassent à l’ombre, d’autres vont d’un
surplomb à un autre, nullement gênés par le vide environnant.
Arrivés en haut de ce passage
difficile, une vue fascinante nous montre l’Italie. L’espace qui nous est
offert pour nous encorder est très réduit. Celui qui voudrait faire cinq pas en
ligne droite ferait le sixième 200 mètres plus bas.
Psychologiquement, la peur du
vide est une des plus dures à surmonter. Plusieurs Queyr’ados refusent
catégoriquement l’ascension finale, celle de la tour. Il faut dire qu’il est
difficile de deviner le passage qui mène à la cime. Les différentes couches de
pierre inclinées ainsi que les amas de rochers défient l’imagination de celui
qui cherche sa sécurité. Après un temps normal de négociations, Jean-Phi amorce
l’escalade. Tant que l’on doit chercher ses appuis, le nez sur la roche, la
peur n’est qu’une appréhension. Au détour d’une grosse pierre droite, on accède
en Italie et l’on ressent la forte chaleur du versant ensoleillé réfléchie par
les pierres qui cuisent. Mais cette fois-ci un seul pas nous sépare d’un vide gigantesque.
On a l’impression d’avoir toute l’Italie à nos pieds ! Ca rouspète,
commente, négocie furieusement dans la cordée. Mais ça avance. Une difficulté
propre à l’encordement s’ajoute à l’ascension : la corde doit être tendue.
Autant dire que c’est impossible. Ou presque.
Chaque pas se fait avec un calcul
de position des mains, des pieds et du centre de gravité. « Allez les
biquettes, on y est presque ! Plus que quelques mètres et vous êtes en
haut » Nouvelles râleries : « Tu sais ce qu’elle te dit biquette ?
Donne du mou, donne du mou, t’es marrante toi ! c’est l’autre qu’avance
pas ! c’est un truc de ouf, ça quand même ! Honnêtement, tu sais ce
qu’elle te dit biquette ? »
Et effectivement, quelques
minutes plus tard, toute la petite communauté se retrouve sur ce toit du monde.
La tension se relâche et quelques larmes coulent mais la difficulté est vaincue
et le défi remporté ! Le relâchement n’est toutefois pas total car chacun
sait qu’en montagne, il est plus facile de monter que de descendre.
Une fois le repas avalé et les
photos en hommage aux sponsors prises, Jean-Phi remanie les cordées, donne de
nouvelles instructions et le signal du départ. Samuel passe en tête. Peut-être
qu’un jour avant la fin du séjour, on le verra à la peine. Pour l’instant, il
est comme un poisson dans l’eau ! La difficulté de la descente vient de ce
que l’on ne peut pas tester nos prises et qu’il faut bien calculer les pas à
venir, anticiper un maximum. « La descente se fait toujours dos à la
falaise ! » nous dit le guide. Le réflexe serait plutôt de
s’accrocher amoureusement au rocher et de ne pas voir le vide. Peine
perdue ! Il faut affronter la difficulté en face. Et effectivement, cela
passe beaucoup mieux de cette façon. A preuve, les rouspétances et les négociations
sont beaucoup moins vives qu’à la montée. Et tout le monde arrive calmement en
haut du goulet. Félicitations à tous ceux qui ont pris sur eux ! Le groupe
sera resté soudé jusqu’au bout.
A la descente du goulet, nous
retrouvons les bouquetins à quelques dizaines de mètres de nous. « Le
bouquetin n’est jamais attaqué par le loup, nous dit Jean-Phi. Les autres bêtes
comme le chamois ont tendance à fuir alors que le bouquetin fait face et
affronte. Si le loup tourne autour, le bouquetin se tourne aussi. Il est désorienté
et finit par s’en aller. »
Pour descendre le goulet, nous
sommes désencordés mais nous gardons les casques. Lors de la libération de la
corde survient, un sentiment d’euphorie peu propice à la vigilance nous gagne.
Ce n’est qu’une fois les sentiers herbeux retrouvés que l’on peut se décharger
complètement et reprendre nos chapeaux. Les esprits se relâchent et la
concentration tombe. Quel plaisir de pouvoir avancer sans avoir à trop
réfléchir. De temps en temps nous regardons derrière nous, surpris de ce que
nous avons fait, de cet objectif improbable pourtant rempli !
Le soir, tout le monde est bien
fatigué, certainement autant de l’intense concentration que de l’effort
physique requise par le Bric Bouchet.
Encore une fois, félicitations à
eux !
Ils ont dit :
« Après une courte nuit et
un réveil à 5h20, les
Queyr’ados sont partis vers la destination de la cuisine pour le petit
déjeuner. Celui-ci fut important pour le reste de la journée car les efforts
furent très durs. Nous avons rencontré Jean-Phi, notre guide, un homme fort
sympathique qui nous encouragea tout au long de cette dure randonnée, le Bric
Bouchet.
Une longue et fatigante ascension
précéda le début de l’escalade jusqu’au sommet. Malgré des petites frayeurs de
certaines, la montée s’est bien déroulée.
Arrivés au sommet, les émotions
furent fortes entre le stress et la fatigue mais la beauté du paysage avec la Nebbia (mer de nuages italien)
nous a bouche-bée.
Après un court déjeuner au
sommet, nous sommes descendus. Cette descente fut accompagnée d’une chute qui
effraya beaucoup d’entre nous.
Cette longue journée fut
récompensée par une boisson fraîche servie par le Riou Vert. »
Sophie et Laurine
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