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mercredi 15 juillet 2015

Le Bric Bouchet



Mardi 14 juillet – fête nationale et journée émotions
L’objectif du jour est le Bric Bouchet (2997m) mais l’altitude finale n’est pas représentative de la difficulté de ce sommet. « Bric » signifie « rocher » ce qui laisse présager d’un final…aérien !
Après un petit déjeuner pris à 5h30, les véhicules filent vers le nord-est du Queyras en passant par Aiguilles puis Abriès. A l’altitude où nous laissons les bus, il y a encore des arbres, des mélèzes et même quelques feuillus. Il fait encore très frais quand nous entamons la marche d’approche. Mais nous quittons vite les polaires tant le rythme est soutenu. Il faut dire aussi que la température est exceptionnellement douce quand on arrive dans un vallon très sauvage et ensoleillé. Des lacets très larges dans des pentes herbeuses nous amènent rapidement en vue du Bric Bouchet, sorte de canine rocailleuse émergeante d’une ligne de crête en arc de cercle. Les fleurs de trèfles brûlées par le soleil diffusent une odeur particulière. Chacun y va de sa comparaison : odeur de beignet, de friture, je sais pas mais j’aime pas…
Nous arrivons à une bifurcation : à main gauche, le sentier monte doucement vers le col de Valpreyvère, à main droite, la pente s’accentue et le sentier rejoint le pied d’une sorte de tour, la dernière difficulté mais non des moindres !
Jean-Philippe, laisse son VTT dans un coin et donne ses instructions pour remonter un goulet à l’intérieur duquel des rochers s’entassent pêle-mêle sur un sol de pierres effritées. Tout le monde met son casque et son baudrier. « On va redescendre par là ? vraiment un truc de ouf, Christophe, c’est ici qu’il faut pas tomber ? c’est beau mais c’est chaud ! Oh un bouquetin ! » En fait, il y en trois des bouquetins. Certains se prélassent à l’ombre, d’autres vont d’un surplomb à un autre, nullement gênés par le vide environnant.
Arrivés en haut de ce passage difficile, une vue fascinante nous montre l’Italie. L’espace qui nous est offert pour nous encorder est très réduit. Celui qui voudrait faire cinq pas en ligne droite ferait le sixième 200 mètres plus bas.
Psychologiquement, la peur du vide est une des plus dures à surmonter. Plusieurs Queyr’ados refusent catégoriquement l’ascension finale, celle de la tour. Il faut dire qu’il est difficile de deviner le passage qui mène à la cime. Les différentes couches de pierre inclinées ainsi que les amas de rochers défient l’imagination de celui qui cherche sa sécurité. Après un temps normal de négociations, Jean-Phi amorce l’escalade. Tant que l’on doit chercher ses appuis, le nez sur la roche, la peur n’est qu’une appréhension. Au détour d’une grosse pierre droite, on accède en Italie et l’on ressent la forte chaleur du versant ensoleillé réfléchie par les pierres qui cuisent. Mais cette fois-ci un seul pas nous sépare d’un vide gigantesque. On a l’impression d’avoir toute l’Italie à nos pieds ! Ca rouspète, commente, négocie furieusement dans la cordée. Mais ça avance. Une difficulté propre à l’encordement s’ajoute à l’ascension : la corde doit être tendue. Autant dire que c’est impossible. Ou presque.
Chaque pas se fait avec un calcul de position des mains, des pieds et du centre de gravité. « Allez les biquettes, on y est presque ! Plus que quelques mètres et vous êtes en haut » Nouvelles râleries : « Tu sais ce qu’elle te dit biquette ? Donne du mou, donne du mou, t’es marrante toi ! c’est l’autre qu’avance pas ! c’est un truc de ouf, ça quand même ! Honnêtement, tu sais ce qu’elle te dit biquette ? »
Et effectivement, quelques minutes plus tard, toute la petite communauté se retrouve sur ce toit du monde. La tension se relâche et quelques larmes coulent mais la difficulté est vaincue et le défi remporté ! Le relâchement n’est toutefois pas total car chacun sait qu’en montagne, il est plus facile de monter que de descendre.
Une fois le repas avalé et les photos en hommage aux sponsors prises, Jean-Phi remanie les cordées, donne de nouvelles instructions et le signal du départ. Samuel passe en tête. Peut-être qu’un jour avant la fin du séjour, on le verra à la peine. Pour l’instant, il est comme un poisson dans l’eau ! La difficulté de la descente vient de ce que l’on ne peut pas tester nos prises et qu’il faut bien calculer les pas à venir, anticiper un maximum. « La descente se fait toujours dos à la falaise ! » nous dit le guide. Le réflexe serait plutôt de s’accrocher amoureusement au rocher et de ne pas voir le vide. Peine perdue ! Il faut affronter la difficulté en face. Et effectivement, cela passe beaucoup mieux de cette façon. A preuve, les rouspétances et les négociations sont beaucoup moins vives qu’à la montée. Et tout le monde arrive calmement en haut du goulet. Félicitations à tous ceux qui ont pris sur eux ! Le groupe sera resté soudé jusqu’au bout.
A la descente du goulet, nous retrouvons les bouquetins à quelques dizaines de mètres de nous. « Le bouquetin n’est jamais attaqué par le loup, nous dit Jean-Phi. Les autres bêtes comme le chamois ont tendance à fuir alors que le bouquetin fait face et affronte. Si le loup tourne autour, le bouquetin se tourne aussi. Il est désorienté et finit par s’en aller. »
Pour descendre le goulet, nous sommes désencordés mais nous gardons les casques. Lors de la libération de la corde survient, un sentiment d’euphorie peu propice à la vigilance nous gagne. Ce n’est qu’une fois les sentiers herbeux retrouvés que l’on peut se décharger complètement et reprendre nos chapeaux. Les esprits se relâchent et la concentration tombe. Quel plaisir de pouvoir avancer sans avoir à trop réfléchir. De temps en temps nous regardons derrière nous, surpris de ce que nous avons fait, de cet objectif improbable pourtant rempli !
Le soir, tout le monde est bien fatigué, certainement autant de l’intense concentration que de l’effort physique requise par le Bric Bouchet.
Encore une fois, félicitations à eux !

Ils ont dit :
« Après une courte nuit et un réveil à 5h20, les Queyr’ados sont partis vers la destination de la cuisine pour le petit déjeuner. Celui-ci fut important pour le reste de la journée car les efforts furent très durs. Nous avons rencontré Jean-Phi, notre guide, un homme fort sympathique qui nous encouragea tout au long de cette dure randonnée, le Bric Bouchet.
Une longue et fatigante ascension précéda le début de l’escalade jusqu’au sommet. Malgré des petites frayeurs de certaines, la montée s’est bien déroulée.
Arrivés au sommet, les émotions furent fortes entre le stress et la fatigue mais la beauté du paysage avec la Nebbia (mer de nuages italien) nous a bouche-bée.
Après un court déjeuner au sommet, nous sommes descendus. Cette descente fut accompagnée d’une chute qui effraya beaucoup d’entre nous.
Cette longue journée fut récompensée par une boisson fraîche servie par le Riou Vert. »
Sophie et Laurine
























  



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